La culture est en train de basculer, et on dirait que ça s’accélère. De plus en plus dur de suivre, de comprendre, de ne pas perdre pied.

Avec internet et la consommation absolue, la vérité, la justice, la réalité n’existent plus. C’est la culture de l’accumulation, de la juxtaposition, de la navigation, de l’expression, de l’individu. Tout ce qui se dit, tout ce qui se fait, a le droit d’exister, tout est légitime, tout est d’égale valeur. Les valeurs et la hiérarchie des valeurs sont une invention des baby boomers.
Les chroniqueurs qu’on entend dans les média savent tout, ont tout vu, tout entendu: mais ils ne savent qu’étaler leur érudition-google et s’écouter parler.

La réalité n’existe plus. La vérité n’existe pas. La communauté n’existe plus. Nous vivons tous dans une bulle gonflée artificiellement qui nous isole de la réalité. Nous sommes tous branchés à quelque chose qu’on ignore.

C’est dur à comprendre quand on a vécu avant et quand on vit en campagne, qu’on est en contact avec la nature à chaque instant, qu’on fait un travail physique, qu’on est lié à une communauté: mais en ville, de plus en plus de gens ne travaillent plus physiquement; pour eux, tout cela n’existe plus, la vie est autre chose, quelque chose comme un cirque ou un spectacle.

Ça me trouble profondément. Je ne suis pas loin de penser que ce doit être ça la pente qui mène à la décadence ou à l’extinction ou à la désagrégation sociale et mentale, à moins que ce soit la transition vers un réalité virtuelle absolue, dans lequel l’univers et la connaissance ne sont qu’un hologramme éphémère.

Source de ce texte: Roméo Bouchard
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