Je vous reblogue aujourd’hui un texte de Marie-Pier qui me touche personnellement.Nous entendons continuellement que nous devons penser plus positif, voir le verre à moitié plein, avoir de la gratitude pour ce que nous avons… etc. Nous connaissons tous cette recette du bonheur, alors pourquoi est-ce qu’elle ne fonctionne pas pour la plupart d’entre nous ?

C’est tellement facile à dire de changer nos pensées pour du positif quand tout va mal, mais ce n’est si facile à faire ! Lorsque nous sommes dans le noir, la dernière chose dont nous avons envie est de voir la vie en rose…Ce que Marie-Pier nous propose est de laisser aller ce monstre qui nous détruit au lieu de partir en guerre contre lui pour essayer de le combattre…Bonne lecture et bonne réflexion !

Patrick Dufficy


À quelques larmes du bonheur

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« Nous croyons que si nous pouvions seulement apprendre comment éviter la douleur nous serions alors heureux. C’est le malentendu innocent et naïf que nous avons tous en nous et qui nous maintient malheureux. » – Pema Chödrön –

Vous pouvez voir à gauche un endroit où je marche souvent. C’est un chemin à Ubud, dans un secteur qui s’appelle Penestanan (à mon avis, le quartier idéal où rester ici, car c’est proche de l’action, mais paisible).

Quand je marche sur ce chemin, je me sens souvent comme si j’étais dans un petit paradis. La végétation est ultra luxuriante, et on peut admirer quelques rizières à droite tout en marchant. Puisque le chemin est surélevé (il y a une dénivellation de plusieurs mètres du côté des rizières), ça rend la vue encore plus spéciale. Oh, et il y a une sorte de rigole qui coule en-dessous et à côté du béton, comme vous pouvez le voir, donc ça produit un joli son.

Il y a un mois et demi, je marchais au même endroit, et voici ce que je voyais : un chemin de béton en décrépitude, trop étroit et dangereux (à cause de la fosse de plusieurs mètres), avec un cours d’eau sale et souvent malodorant à côté. En fait, à ce moment, à peu près tout ce que je voyais ici me semblait laid et repoussant.

Mon expérience a donc changé radicalement. Que s’est-il passé?

Ce n’est pas que j’ai choisi d’être «positive». Je n’ai pas essayé de me convaincre de «focaliser sur les beaux côtés». Et je n’ai pas fait une liste de gratitude. Non, c’est tout le contraire, en fait… Mon attitude s’est améliorée parce que j’ai accepté de plonger dans la noirceur qui m’habitait.

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Je ne sais pas si vous traversez présentement une phase où vous êtes plutôt négatif, rempli de jugements de toutes sortes. Ou sans être ultra négatif, peut-être sentez-vous au fond de vous, sous la surface, une désapprobation subtile mais constante de vous-même et de ce qui se présente à vous?

Voyant cela, peut-être essayez-vous de vous entraîner à changer de perspective. Oui, peut-être essayez-vous d’entretenir des pensées plus positives, plus ensoleillées. Et probablement remarquez-vous que ça ne fonctionne pas tout à fait… ou du moins, jamais pour très longtemps.

Il arrive que notre négativité soit causée par une simple «mollesse». Quand c’est le cas, on n’a qu’à se ressaisir, à rediriger notre attention sur les aspects positifs, et voilà! Mais parfois, nos pensées noires n’ont rien à voir avec nos pensées, si je peux dire. Elles sont la manifestation d’un mal-être étouffé qui rejaillit de tous bords, tous côtés – incluant dans notre esprit – pour attirer notre attention. Dans mon cas, comme je l’ai déjà mentionné, mon séjour à Bali a fait remonter à la surface une sorte de mal-être bien enfoui. C’est ce qui teintait ma perception. Et quand on est dans un tel état, on peut essayer de cultiver les plus belles pensées possibles, mais c’est l’équivalent de mettre un filtre rose par-dessus un gros filtre gris. Ça ne change à peu près rien. En fait, non, ça bloque la lumière encore davantage.

On aime tous le bien-être, l’allégresse… et on veut bien sûr se sentir léger le plus rapidement possible. Mais le paradoxe est qu’on ne s’allège généralement pas en essayant de s’alléger, mais en rencontrant ce qui nous pèse. Si souvent, la seule chose qu’on ait à faire pour défaire un gros nœud de négativité est de se permettre de ressentir l’émotion derrière et de pleurer, afin que l’énergie puisse circuler et s’en aller. Le moindre petit mouvement courageux vers cette lourdeur sera toujours infiniment plus puissant que mille tentatives d’améliorer nos pensées.

Être rempli de soleil et de positivité est notre état naturel. On n’a pas à ajouter de la joie à notre vie… La joie est l’essence de ce qu’on est. On est appelés plutôt à laisser aller ce qui l’étouffe. Oui, on est appelés à aller chercher les monstres qu’on a cachés dans le sous-sol et à leur redonner leur liberté, afin qu’ils puissent enfin s’en aller. Oh, ça demande parfois un courage infini. Mais tout doucement, sans forcer, le filtre devient ainsi de moins en moins gris. Et un beau jour, on se surprend à regarder notre chemin imparfait, dangereux, un peu décrépit et à lui trouver des petits airs de paradis.

Bon mardi!

signature marie
Source de l’article: Matin Magique
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